Vaginisme et douleurs à la pénétration, quels traitements ?

Le vaginisme, qu'est-ce que c'est ?

C’est le fait de ne pas pouvoir être pénétrée : l’impression que « ça bloque », comme de buter contre un mur, que ça ne peut pas rentrer du tout ou difficilement lors d’un acte sexuel ou lors d’un examen gynécologique.

Le vaginisme peut être primaire (présent depuis le début de la vie sexuelle) ou secondaire (il se met en place à partir d’un certain moment de vie).

Il peut être global (présent lors de toutes les tentatives de pénétration) ou situationnel (empêchant les pénétrations dans certaines circonstances, lors des examens gynécologiques par exemple).

Il peut être total (impossibilité de pénétration) ou partiel (la pénétration peut avoir lieu sur quelques centimètres par exemple).

D'où ça vient ?

Le vaginisme est une contraction involontaire et réflexe des muscles du périnée, ce qui empêche ou rend difficile la pénétration vaginale.

C’est cette même contraction qui peut rendre la pénétration douloureuse.

Ok, mais le périnée, c’est quoi ?

vaginisme et périnée

Le périnée, que l’on appelle aussi plancher pelvien, est un ensemble de muscles qui tapisse le fond de notre bassin, entre le pubis et le coccyx.

Ce plancher pelvien a plusieurs rôles essentiels. Il permet d’assurer :

  • la continence: par le verrouillage et le déverrouillage automatiques (contraction ou relâchement des muscles) de l’urètre et du rectum;
  • le soutien de nos organes: grâce à sa puissance et à sa souplesse, cet ensemble de muscles maintient nos organes (vessie, utérus, rectum…) à leur place malgré leur variation de pression lorsque ces organes se remplissent, se vident, se contractent… Le rôle du périnée est d’exercer en permanence une pression de résistance vers le haut afin de maintenir cet équilibre.
  • La sexualité: chez l’homme, le périnée joue un rôle important dans la possibilité et le maintien de l’érection. Chez l’homme et la femme, il participe aux sensations et au plaisir: lors de l’orgasme, le périnée se contracte activement. Mais chez la femme, un périnée très contracté peut aussi entraîner du vaginisme ou des douleurs à la pénétration (dyspareunies)!

Le périnée, c’est donc plusieurs couches de muscles (et de tissus) extrêmement puissants!

Les voici vus de dessous:

muscles du périnée

Cette contraction involontaire et réflexe du périnée n’a généralement pas de causes physiologiques particulières: les causes sont plutôt de l’ordre du psychologique. Pour autant, cela ne veut pas dire que c’est dans votre tête et qu’il n’y a rien à faire! Non : les manifestations sont bien physiques et il est possible de travailler à (re)trouver une sexualité épanouie.

C'est clair, mais pourquoi il se contracte comme ça mon périnée ?

Le corps est avec nous depuis notre conception: il suit nos aventures, nos joies, nos profondes déceptions, nos tentatives de nous adapter, aux parents, aux amis, à notre amoureux, aux autres, au monde…

Il enregistre tout ce que nous vivons et stocke ces informations (on pourrait dire qu’il les stocke dans l’inconscient, ou encore que le corps est le réservoir et le reflet exact de notre inconscient).

Il enregistre tout depuis notre enfance jusqu’à aujourd’hui dans notre vie d’adulte, notamment comment nous réagissons à l’extérieur, comment nous nous défendons, comment nous sommes capable de nous protéger… ou pas.

En théorie, nous avons notre tête, c’est-à-dire notre mental, notre capacité de réflexion, et notre voix, notre capacité de parler et réagir, pour dire stop, non, quand quelque chose ne nous convient pas.

Mais notre tête, notre mental, peut parfois chercher à faire plaisir aux autres, à se fondre dans la norme, à correspondre à un idéal… et ainsi nous laisser parfois marcher dessus voire abuser.

Notre tête peut désirer quelque chose et ne plus écouter le rythme du corps, notre rythme à nous.

Notre tête peut mentir, aux autres, mais surtout à nous-même. C’est comme cela qu’on peut se retrouver embarqué.e dans des situations, dans des rapports avec les autres, en étant persuadé.e qu’on le veut bien, mais sans vraiment s’écouter.

Dans ce cas le corps, lui, se retrouve à subir des rythmes ou des actes qui ne lui vont pas.

Sauf que le corps, lui, il ne cherche pas à faire plaisir aux autres, il ne cherche pas à s’adapter en faisant semblant : il ne ment jamais.

Alors si ce n’est pas 100% ok et que la tête ne joue pas son rôle de dire non, stop, pas comme ça, plus lentement… le corps prend la relève et il se ferme.

Et cela peut passer par des contractions réflexes des muscles.

A l'origine du vaginisme...

Le corps se ferme, se contracte, mais pourquoi ?

Parfois, il y a eu des rapports douloureux, mais on a laissé faire car la société a tendance à normaliser le fait que la sexualité féminine puisse être douloureuse (notamment lors des premiers rapports).

Un cercle vicieux de la douleur peut d’ailleurs se créer : l’appréhension de la pénétration suite aux douleurs crée une incapacité de détendre ces muscles puissants du périnée et donc… de la douleur ou de l’impossibilité de pénétration.

Parfois il y a une éducation sexuelle qui a créé des tabous ou des idées négatives sur la sexualité: au moment de la vivre, il y a alors une profonde scission, un tiraillement ou malaise intérieur mais on passe outre (ou du moins la tête passe outre).

Parfois il y a eu des traumatismes ou des abus: on n’a pas pu se protéger (pour 1000 raisons complètement compréhensibles) et le corps en garde le souvenir. L’acte sexuel fait remonter inconsciemment toutes ces émotions, ces peurs qu’on a pu ressentir alors.

Il y a encore d’autres raisons possibles, chaque femme a son histoire. Mais quand on la regarde de près cette histoire, il y a souvent une peur liée à la sexualité ou aux hommes dont on ne sait pas se protéger.

On pourrait donc voir le vaginisme pas seulement comme une contrariété qui bloque notre sexualité mais aussi comme un moyen qu’a le corps de nous parler, de nous forcer à l’écouter enfin.

Qu’est-ce qu’on peut faire pour se réapproprier son corps et résoudre le vaginisme ou les douleurs?

Il y a 2 pans qui peuvent être travaillés:

Une approche physiologique

Les soins physiologiques souvent proposés dans le cadre du vaginisme sont :

  • Massages au niveau du périnée (par un kinésithérapeute formé): ceux-ci permettent de redonner de la mobilité à l’intérieur des tissus du périnée, d’aller libérer des points où beaucoup de tension s’est accumulée.
  • Exercices de relaxation (méditation, respiration…): ils peuvent être utiles pour apprendre à redescendre dans le corps (et l’écouter donc), à sortir d’un état de stress, et en particulier à détendre nos muscles…
  • Exercices d’étirement, au niveau de la vulve et à l’intérieur du vagin, notamment avec des dilatateurs de différentes taille: l’objectif est d’assouplir le vagin. Néanmoins si la contraction réflexe du périnée est un geste de défense inconsciente, se forcer à se pénétrer n’arrangera pas toujours les choses. C’est un soin à pratiquer avec beaucoup de douceur, d’écoute et de patience envers soi-même.
  • Gel anesthésiant: il sert à atténuer les douleurs lors de la pénétration. S’il y a assez d’excitation et de respect du rythme de votre corps, ce peut être un élément utile pour casser le cercle vicieux de la douleur (j’ai mal donc je suis contractée donc ça mal…). Mais si ce gel est utilisé pour forcer la pénétration et ne pas écouter votre corps, cela risque juste de renforcer le problème.

En effet, ma préconisation n’est pas d’étirer de force le vagin mais d’aller se reconnecter au corps, et notamment aux raisons qui ont pu le pousser à se fermer.

Je vous invite à me suivre en cabinet dans le paragraphe suivant :

Une approche psycho-corporelle

Je pense que le maître-mot à travailler est la sécurité, retrouver le sentiment et la capacité d’être en sécurité. Sécurité vis-à-vis de soi, de son corps, de son rapport à la sexualité, et sécurité en présence de ses partenaires.

Une fois le corps en sécurité, il pourra se détendre, jouer, profiter du moment et des sensations.

Les séances de sexothérapie & hypnose sont un parfait mélange pour faire ce travail de manière efficace et en même temps dans la douceur.

Pour certaines femmes, on va travailler sur la connaissance de soi, de son anatomie, poser des mots comme vulve, lèvres, clitoris… Comprendre comment on fonctionne permet d’amener une forme de sécurité : je me comprends, je sais ce qui est bon pour moi, je sais que je suis normale et comment trouver mon plaisir. Des exercices (à faire chez-soi) comme des auto-massages de la vulve permettent de contribuer à se réapproprier cette partie du corps, plutôt que de la voir comme une zone ennemie ou tabou.

Discuter permet aussi de lever certaines croyances qui peuvent légitimement créer de l’angoisse: par exemple, cette croyance que la femme doit être pénétrable rapidement et à tout moment, qu’on doit pouvoir enfoncer un pénis ou un sex-toy facilement, même avec très peu d’excitation préalable.

Lors de ces séances de sexothérapie & d’hypnothérapie, on peut aussi venir travailler la sécurité vis-à-vis de l’extérieur : pour beaucoup de femmes, on travaillera à cultiver la capacité de s’affirmer.

Développer l’estime de soi, la confiance en soi et sa capacité à s’écouter plutôt qu’à suivre le rythme et les envies de l’autre: s’autoriser à dire ce qu’on aime, ce dont on a besoin, à dire non. S’autoriser à faire de son plaisir une priorité et à parler de ses besoins avec son partenaire.

Dans le cadre de traumas ou d’abus, on fera un travail autour de la psychotraumatologie, afin de comprendre le passé traumatique, comprendre les mécanismes qui ont été en jeu pour pouvoir le laisser dans le passé. Ce travail permet d’apprendre à retrouver de la sécurité dans le présent et de pouvoir alors (re)découvrir quelle femme vous pouvez être aujourd’hui.

Vous l’avez compris, on viendra poser de la conscience sur votre rapport à la sexualité, à votre corps, sur votre histoire sexuelle à vous. Et voir comment votre corps peut être mieux écouté à partir d’aujourd’hui… Afin qu’il puisse aller sans crainte dans la détente, le plaisir, le jeu!

Si vous vous reconnaissez dans ces mots et souhaitez venir en séance avec moi, vous pouvez cliquer ici pour prendre rendez-vous.

Dans le prochain article, je vous parlerai de plusieurs femmes venues en cabinet à cause d’un vaginisme ou de douleurs ressenties à la pénétration: je vous dévoilerai les pistes qui leur ont permis d’aller enfin vers une sexualité épanouie, plaisante et joyeuse.