Comment avoir un orgasme? C’est une des raisons qui poussent les femmes à me consulter.
Pas toujours de leur propre initiative: parfois c’est leur partenaire qui est « lassé de ne pas pouvoir leur donner d’orgasme » et qui les incite à consulter.
Comme s’il s’agissait d’une simple mécanique et que leur femme était cassée.
C’est un peu plus subtil que cela, et cet article va vous permettre de comprendre les rouages de l’orgasme, autant sur le plan anatomique que sur le plan relationnel.
Un peu d’anatomie pour comprendre le plaisir
Pour commencer, je vous propose un peu d’anatomie. Cela vous permettra de comprendre la mécanique de l’orgasme.
Le clitoris est l’organe responsable de notre plaisir. Et mieux que ça: c’est le seul organe humain qui existe qui ne soit dédié qu’au plaisir.
Il est composé d’une toute petite partie externe : le gland du clitoris, recouvert par un petit capuchon.
Ce gland est innervé par 8000 terminaisons nerveuses, d’où le fait qu’il soit très très sensible et qu’il soit protégé par ce petit capuchon.
Mais le clitoris se prolonge aussi à l’intérieur du corps: par les piliers et les bulbes du vestibule.
Lorsque l’on stimule le gland et que l’excitation monte, le clitoris se gorge de sang et va donc gonfler: c’est comme cela que ses bulbes vont appuyer sur la paroi du vagin.
Car au final, ce qui peut nous procurer du plaisir lors de la pénétration, c’est le contact de ces bulbes du clitoris à travers la paroi du vagin: celle-ci est peu innervée (donc peu sensible) mais fine.
D’où vient l’orgasme ?
Cette illustration anatomique montre que tous ces orgasmes viennent du clitoris, que ce soit par voie directe (orgasme « externe », par le gland du clitoris) ou indirecte (orgasme « interne », par la stimulation à travers la paroi du vagin).
Mais cette explication vous montre aussi que la stimulation externe du clitoris est essentielle: c’est elle qui permet d’irriguer toute la zone en afflux sanguin et de favoriser ainsi les ressentis et le plaisir dans le vagin.
Donc sur la plan anatomique, mécanique, on a une première idée de l’origine de l’orgasme.
On comprend aussi que les 2 types d’orgasme (externe et interne) proviennent du même organe et sont tous 2 dépendants d’une bonne stimulation du gland du clitoris.
Le point G, qu’est-ce que c’est ?
Le point G, mythe ou réalité ?
Il s’agit bien d’une petite zone (la taille d’une pièce de 2€) qui se trouve près de l’entrée du vagin (à quelques centimètres, l’équivalent d’une phalange) sur la face « haute » (la partie du vagin la plus proche du pubis).
En fait, cette zone correspond à l’endroit où le clitoris vient appuyer sur la paroi du vagin. Si on stimule cette zone lorsqu’on est déjà excitée, cela va permettre d’augmenter la sensibilité et le plaisir ressenti dans le bas-ventre. Cela peut permettre de déclencher l’orgasme interne.
A retenir: cette zone n’est sensible et agréable que lorsque la femme est déjà bien excitée.
Néanmoins, pour vous familiariser avec cette zone et percevoir où elle se trouve, vous pouvez insérer votre doigt et ressentir comme une zone un peu plus rugueuse à 2-3 cm de l’entrée du vagin, sur la face antérieure.
Si on récapitule un peu:
Le clitoris est l’organe majeur dans la montée orgasmique.
L’excitation et la stimulation du clitoris permettent de le faire gonfler et de rendre l’intérieur du vagin plus sensible.
A ce moment là, des mouvements de pression au niveau de la zone G peuvent notamment procurer du plaisir.
Tout ça, c’est sur le plan anatomique, mais ce n’est pas forcément suffisant…
Quels sont les autres ingrédients nécessaires à l’orgasme ?
On vient de comprendre la mécanique anatomique de l’orgasme, il s’agit maintenant de comprendre aussi la mécanique émotionnelle.
La sécurité
Un point primordial est le sentiment de sécurité: l’orgasme est un moment de vulnérabilité extrême, où l’on peut avoir l’impression de s’abandonner, à soi, à l’autre, à plus grand que soi…
Pour que le corps et l’esprit se relâchent suffisamment et s’abandonnent à l’orgasme, il faut pouvoir se sentir en sécurité forte.
Cela veut dire en sécurité avec l’autre: sentir qu’on est écoutée, choyée, et que nos limites seront respectées.
Cela veut aussi dire se sentir en sécurité avec soi-même : quelle estime ai-je de moi? Est-ce que j’accepte d’être vue dans mon entièreté, ou est-ce que j’essaie de masquer certaines parts (physiques ou psychiques) de moi ?
Oser lever les tabous pour développer sa sensibilité
En général, dès l’adolescence, les femmes commencent par apprivoiser la stimulation externe du clitoris.
Elles en connaissent donc déjà les sensations et leurs préférences en entrant dans la sexualité avec un.e partenaire.
La stimulation interne du clitoris vient parfois avec la masturbation mais souvent avec le premier rapport sexuel pénétratif. L’intérieur du vagin n’a donc jamais réellement été stimulé avant cela.
Or, plus on stimule une zone du corps, plus elle peut devenir sensible. Pensez aux doigts des personnes qui savent lire en braille : c’est à force d’utiliser la pulpe de leurs doigts sur le braille, à force d’y prêter une attention fine et régulière, que la sensibilité des doigts augmente jusqu’à pouvoir distinguer de minuscules points en relief.
C’est un peu la même chose pour l’intérieur du vagin: plus on y porte de l’attention, de la curiosité, du toucher, plus on va pouvoir développer et apprivoiser les sensations présentes.
Y porter cette attention, cette curiosité, veut dire aussi cesser de voir la vulve comme un tabou. Certaines de mes clientes viennent en l’appelant « en bas », « cette zone »… Appeler les différentes parts par leur véritable nom (vulve, lèvres, clitoris, vagin…) est un premier pas.
Prendre du temps pour aller observer votre vulve peut en être un 2ème.
Et bien sûr, s’octroyer de vrais moments à soi où on va explorer notre vulve, à l’extérieur et à l’intérieur, permet de lui donner la curiosité, le toucher, le droit d’exister, qu’elle mérite.
J’ai enregistré 2 audios sur mon compte SoundCloud corps_orgasmique que vous pouvez utiliser pour ces explorations en douceur. Vous pouvez les trouver en cliquant ici.
Le plaisir
L’orgasme est un pic de plaisir. Pour pouvoir y parvenir, il faut donc déjà ressentir une bonne dose de plaisir dans le corps.
Et c’est bien là la subtilité: beaucoup de femmes que je vois en cabinet ressentent surtout du plaisir dans la tête (le plaisir de procurer du plaisir au partenaire, le plaisir d’être excitante, le plaisir de faire des choses excitantes) mais peu dans le corps.
Pour pouvoir avoir un orgasme, il ne faut pas être là seulement pour donner du plaisir à l’autre. Il faut en prendre pour soi, revendiquer une part d’égoïsme: savoir ce qu’on aime et oser le demander.
Accepter une sensation inconnue
L’orgasme peut faire peur : parfois on ressent comme une vague qui commence à nous submerger, et on arrête avant de se sentir envahie, engloutie. Parfois on peut avoir peur que ce soit trop puissant, trop fort, et parfois aussi on ressent une sensation proche de l’envie de faire pipi alors on arrête avant.
Cette sensation est à apprivoiser, à accepter parfois progressivement.
Comment avoir un orgasme : en résumé
On récapitule un peu tout ça:
D’un point de vue anatomique, le clitoris est la clé. La stimulation du gland du clitoris est nécessaire, et il ne suffit pas de le titiller 2 secondes. On parle plutôt d’un certain temps (selon les femmes et les moments, cela peut être 10 min comme 1h), pour que tout le clitoris puisse se gonfler, devenir sensible.
Cette stimulation n’est pas en continue bien sûr, elle est entrecoupée et accompagnée de caresses sur d’autres parties du corps, de jeu, de fantasmes…
Mais ces considérations mécaniques ne sont pas suffisantes: l’orgasme ne peut surgir que dans un environnement secure, dans lequel on peut se laisser aller et dans lequel on se sent légitime à éprouver du désir et du plaisir.
Et souvent, ce sont ces points qui pêchent. Car on ne parle pas juste de sécurité à l’instant T du rapport, d’un partenaire qui aurait des gestes doux à ce moment là, dans une chambre bien connue. On parle d’un sentiment de sécurité plus vaste, dans des actions du quotidien, de la capacité à pouvoir dire non ou stop, à se sentir soutenue, à se faire entendre.
On parle de la capacité à prendre du plaisir et de sortir du rôle de « donneuse », de « celle qui prend soin des autres ». Apprendre à devenir celle qui reçoit et qui est légitime de recevoir.
On parle de la capacité à dépasser les tabous liés à la sexualité féminine et à oser aller vers l’inconnu…
C’est souvent sur ces points émotionnels ou relationnels que l’on travaille en séance, via la parole et via l’hypnose.
Et la magie, c’est que cela débloque votre capacité orgasmique mais aussi l’estime de soi et la capacité de mieux communiquer, d’oser vous faire entendre dans bien des domaines de votre vie..